La possibilité de ne pas avoir été. Sept interférences décoloniales

12.10.23 - 31.01.24

Jiser et Savoirs migrants participent à l’exposition : La possibilité de ne pas avoir été. Sept interférences décoloniales avec la création collective Polisemias del silencio et les interventions murales de Teo Vázquez et Fares Yessad (Serdas).

Polysémies du silence traverse les multiples significations, convergentes et divergentes, qui peuvent être attribuées au silence. Il peut être compris comme une catégorie philosophique, comme un état d’âme, comme un lieu où il est possible de transiter et de trouver des vérités ou des visions différentes, comme un outil politique, comme une imposition des pouvoirs institués, comme la complicité inerte qui peut « soutenir » la cruauté et le mal de l’histoire.

Le silence n’est pas « bon » ou « mauvais » en soi, mais dépend des intentions ou des buts qui nous poussent à entrer dans cet état. Il dépend de la volonté ou de l’imposition de ce silence, de la question de savoir si nous parlons de silences ou de réduction au silence : de voix, de cris, de droits, de mots.

La proposition d’exposition que nous présentons aborde de manière critique ces oublis construits et les différentes manières dont le silence opère pour légitimer la domination, pour ériger l’histoire coloniale en discours unique ou pour privilégier certaines voix par rapport à d’autres lorsqu’il s’agit de raconter les migrations.

Un projet construit collectivement et en collaboration par Ida Barbati, Houari Bouchenak, Nora Daoud, Xavier de Luca, Paula Durán, Mounir Gouri, Guerthy Gutiérrez, Saber Lech-hab el Ghoury, Anna López Luna, Danilo Adriano Marinho, Boris Mercado, Hichem Merouche, Araceli Muñoz, Camila Opazo Sepúlveda, María Eugenia Piola, Alejandra Rocabado, Séverine Sajous et Soukaïna Sentissi.

Teo Vázquez présente le projet Minorías y Resistencias: una mirada desde dentro. La proposition vise à mettre en lumière l’expérience des résistances du peuple rom tel qu’il est identifié à travers le monde.

Il s’agit de la minorité ethnique la plus nombreuse d’Europe, avec une longue histoire d’enracinement en Catalogne, depuis leur arrivée sur le territoire il y a plus de six siècles. Nomades ou semi-nomades, ils ont une langue commune, le caló, dérivé du romani, dont les racines sanskrites ont été conservées dans la région racines sanskrites qui ont été conservées jusqu’à aujourd’hui.

Le projet propose une fresque photographique sur le mur extérieur de la façade principale du centre d’art Santa Mònica, avec un portrait grand format du patriarche gitan Sebastián Fernández Cortés « Tío Bastian ». L’image du pouvoir et de la résistance d’un peuple transportant une dimension de connaissance invisibilisée.

Et Fares Yessad (Serdas) sera en résidence à Barcelone du 3 au 14 octobre pour réaliser son installation Abstraction, une action murale qui occupera l’une des frises du deuxième étage de la Santa Mònica.

À la veille des Jeux africains de 1978, les autorités algériennes demandent au sculpteur M’hamed Issiakhem de redessiner une statue coloniale. L’artiste choisit de l’enfermer dans une autre sculpture, ou plutôt dans une forme en plâtre blanc, où sont représentés deux hommes domptés brisant une chaîne et le visage soulagé d’un soldat du FLN. La sculpture cachée est Le Pavois en hommage aux soldats nord-africains et français de la Grande Guerre, de Paul Landowski. L’acte de cacher la statue est un effacement d’une mémoire, celle de la France coloniale et de la Première Guerre mondiale, pour révéler celle de la révolution algérienne.

L’acte de cacher la statue est l’effacement d’une mémoire, celle de la France coloniale et de la Première Guerre mondiale, pour révéler celle de la révolution algérienne. Entre statues commémoratives et socles vides qui constituent une mémoire globale de la colonisation et de l’esclavage, notre projet s’intéresse à la forme impersonnelle que les statues auraient pu prendre dans l’espace public si l’Europe, en tant que projet civilisateur, n’avait jamais existé… ».