Henri Bergson nous montre dans ses réflexions sur ce qu’il appelle « la mémoire du souvenir » que le souvenir n’est pas la représentation de quelque chose qui a été, le passé, c’est ce dans quoi nous nous situons d’emblée pour nous souvenir. La mémoire ne consiste donc nullement en une régression du présent vers le passé, elle est dans cette coexistence même, « cette coexistence de soi avec soi ».
Le travail de recherche et de création de l’artiste algérienne Sonia Merabet est le résultat d’un cycle de résidences à Barcelone organisé par Jiser, qui questionne ce que nous stockons comme mémoire à travers nos différents sens, au-delà de ce que nous capturons et de ce que nous retenons comme images, que ce soit spontanément ou à la suite d’un traumatisme, et comment cette mémoire peut être aliénée par les différents contextes dans lesquels nous vivons.
Sommes-nous maîtres de notre mémoire ou de sa construction?
Dans cette dualité entre mémoire et oubli, Sonia Merabet a choisi de s’intéresser au sommeil et à l’insomnie en relation avec cette accumulation de mémoire – une mémoire enfouie au plus profond de nous, dans un passé proche ou lointain, mais qui peut aussi prendre la forme d’un héritage d’une mémoire collective qui ressurgit dans notre présent.
Le processus de recherche et de réflexion de ce travail s’inscrit dans une temporalité par rapport à la création, où ce composant marquera le point de départ ou la première couche d’une multitude de strates qui constituent notre expérience et donc notre mémoire à travers nos différents sens.
L’exposition est conçue par Houari Bouchenak et organisée par Jiser, en collaboration avec la galerie The Over et l’hôtel Pol & Grace.
