Le réveil d’Icare

10.10.25 - 07.12.25

Nous présentons l’exposition Le réveil d’Icare au port de Tarragone dans le cadre du Festival international de photographie SCAN de Tarragone. L’exposition, organisée par Xavier de Luca et Houari Bouchenak, présente les œuvres de Jose Lorrüe, Irene Zottola, Djamel Agagnia, Zineb Sedira, Aureli Ruiz, Philip Scheffner, Fethi Sahraoui et Maya-Inès Touam.

On aurait pu s’attendre à ce que ce « nous en mouvement » de Toni Serra *) abu ali soit le reflet de notre présent, une image capable de traduire la fluidité des relations entre les populations et les gouvernements qui partagent les eaux méditerranéennes, mais ce qui nous est montré est autre chose : un rappel que cet espace est traversé par des tensions historiques et contemporaines, témoin de la croissance des empires et, en même temps, vecteur de violences et d’injustices systémiques qui perdurent encore aujourd’hui.

L’héritage colonial, la surveillance et le contrôle, le déni du droit à avoir des droits, l’interdiction de la libre circulation sur le territoire traversent de manière différenciée les sociétés qui peuplent cette région du monde. La Méditerranée se présente ainsi comme une frontière politique, géographique, économique et sociale… construite depuis le pouvoir de la forteresse Europe, qui sépare les populations qui l’habitent. Un paradoxe, chargé de sens et d’intentionnalité, qui brouille la relative proximité de ses rives et se réaffirme dans la construction d’une autre, moins proche.

Ce jeu de miroirs contemple des mémoires blessées ou brisées, où nul ne survit impunément. Un excès de méfiance et un renforcement des identités sont le résultat de luttes mémorielles. Les tensions actuelles prennent la forme de rejets et de radicalités dans l’espace de vie commun. L’eau devient ici véhicule de vie, mais aussi de mort, de mémoire et d’oubli, d’histoires officielles et de récits passés sous silence.

Mais quand nos consciences s’éveilleront-elles ? Quand l’Icare que nous portons en nous cessera-t-il d’être aveuglé par le soleil ? Quand reconnaîtrons-nous que la lutte contre les inégalités et la lutte pour les droits sont une responsabilité collective qui nous interpelle tous ? 

Dans cette exposition, les récits visuels des artistes sélectionnés sont évoqués, à travers de multiples réflexions, sur les échos qui naissent entre des territoires éloignés par les intérêts politiques et économiques des États, mais très proches s’ils sont reconnus par l’humanité elle-même. Fethi Sahraoui et José Lorrüe partagent des aperçus intimes de fragments de vie de jeunes Algériens et Marocains assoiffés de vie et de croissance, tandis que les œuvres de Philip Scheffner, Aureli Ruiz et Maya-Ines Touam interrogent les pressions et les formes de violence exercées par l’Europe sur les mouvements humains en Méditerranée. La proposition de Djamel Agagnia aborde de manière critique la volonté politique de dominer les corps, les mers et les terres, où le béton devient un symbole du contrôle des temps modernes, tandis que l’installation de Zineb Sedira interroge ce qu’elle appelle les « Espaces où la mobilité expire », ou l’incapacité des individus à partir, revenir, s’échapper ou exister en transit entre certaines terres et identités. Irene Zottola présente, avec son installation, des récits situés des personnes rencontrées en Tunisie, ainsi que leurs rêves et leurs histoires, plaçant cette mer Méditerranée comme un élément d’union et de questionnement.

L’ensemble de ces œuvres tisse une vision à la fois fragmentée et cohérente d’histoires qui, au-delà des frontières, expriment un besoin commun d’hospitalité, de dialogue et de reconnaissance mutuelle.

Production de SCAN, Port de Tarragona et Jiser Reflexions Mediterrànies.

Avec la collaboration de la Càtedra UNESCO del Diàleg Intercultural a la Mediterrània de la Universitat Rovira i Virgili.

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