Daídalos / Δαίδαλος

Nous présentons l’exposition Daídalos / Δαίδαλος au Port de Tarragone dans le cadre du Festival international de photographie SCAN de Tarragone. L’exposition, organisée par Xavier de Luca et Houari Bouchenak, présente des œuvres de Camilla de Maffei, Dani Pujalte, Denis Dailleux, Pauline Alioua, Myriam Boulos, Shareef Sarhan, Toni Serra *) abu ali et Matteo Guidi & Giuliana Racco.

Tout au long de ses recherches anthropologiques menées en Algérie pendant la période coloniale, Pierre Bourdieu a considéré la ville comme un concept colonial créé et mis en place par les Romains, un espace clos qui délimite un paysage. C’est une manière de s’approprier le paysage en créant des constructions et des murs qui s’imposent comme un cadre. Ce cadre permet de contrôler toutes les interactions des éléments qui l’habitent, mais aussi de rejeter ce qui peut être considéré comme étranger, extérieur au cadre. La ville est ainsi perçue comme le début d’une forme de colonisation, puisqu’en plus de contrôler la terre, elle a aussi la volonté de contrôler les êtres humains dans leur mobilité, leurs interactions, leurs visions et leurs pensées. C’est le début même d’un dogme libéral qui intègre les normalités comme référents pour hétérogénéiser tous les éléments qu’il regroupe et exclut (et donc combat) tous ceux qui résistent à ce cadre.

Habiter la ville ou être habité par la ville: Daídalos / Δαίδαλος* se veut une expérience d’immersion dans les configurations matérielles et immatérielles d’un tissu urbain, que ce soit à travers la matérialité du bâtiment qui fait partie d’une scénographie mobile, étant donné qu’une ville est toujours sujette à des changements, ou à travers ce fil d’Ariane invisible qui tisse la relation entre l’homme et l’espace et que l’on retrouve dans les différentes installations photographiques et vidéo.

La ville moderne nous est présentée dans cette vision du contexte contemporain comme un dédale, un labyrinthe, si désolant et agressif par la démolition de l’univers rural, la multitude, mille promesses et nuances, une façade qui semble vous regarder et qui vous arrache à votre intériorité. La ville est le grand jour du monde, du temps, de l’espace, et parfois elle apparaît comme ce soleil qui éblouit et aveugle les Icariens.

* Daidalos / Δαίδαλος nous renvoie à ce labyrinthe de la mythologie grecque, construit par l’inventeur et architecte Dédale, père d’Icare, sur ordre de Minos, dans le but d’emprisonner le Minotaure, qui semait la terreur parmi les habitants de la Crète.